Archives mensuelles : septembre 2014

Fukushima – Conséquences

RIBAULT N. & T. (2012) – Les sanctuaires de l’abîme – Chronique du désastre de Fukushima, Editions de l’Encyclopédie des Nuisances, Paris (lecture, août-septembre 2014).

Nadine RIBAULT est écrivain. Elle est l’auteur d’essais, de romans et de nouvelles.
Thierry RIBAULT est économiste au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), et chercheur à l’Institut de recherche sur le Japon à la Maison franco-japonaise de Tokyo (Umifre 19 CNRS-MAEE).
Nadine et Thierry RIBAULT ont passé la moitié des vingt dernières années au Japon et sont des témoins directs de la manière dont le désastre de Fukushima est administré.

Comme chacun s’en souvient, un tremblement de terre, un raz-de-marée et un accident nucléaire ont frappé la région de Fukushima, au Japon, en mars 2011. En suivant les initiatives de Wataru Iwata, fondateur d’une association appelée « Projet 47 », visant à faire en sorte « que les gens accèdent à l’information juste et exacte et prennent conscience de ce qui est véritablement en train de se passer », les auteurs retracent la chronique des événements qui ont suivi le déclenchement de l’accident à la centrale de Fukushima – tergiversations du gouvernement et de l’entreprise responsable de la centrale, désinformation de la population, à qui l’on ne cesse de répéter qu’il n’y a aucun danger –, et rappellent la manière dont l’industrie du nucléaire « pacifique » a été promue par le gouvernement japonais depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, en collaboration avec les États-Unis, afin de rendre non seulement acceptable mais désirable une technologie que les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki avaient marquée du sceau de l’infamie.’
L’ouvrage met en lumière le rôle joué par des organisations mafieuses ou semi-mafieuses telles que la Fondation Sasakawa dans la négation des conséquences des catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima sur la santé des populations, ainsi que le rôle joué par les yakuza dans l’assistance aux populations immédiatement après la catastrophe, se substituant à des « pouvoirs publics » étatiques et locaux totalement dépassés par les événements. Sont également remis en question un certain nombre de clichés concernant ce qu’il est convenu d’appeler la culture japonaise, qui rendrait la population particulièrement apte à se résigner à une sorte de fatalité. La réalité est fort différente, comme l’attestent notamment les pillages constatés après la catastrophe, ainsi que les sentiments de désespoir et de panique qui animent de larges couches de la population.
(Centre Lillois d’Etudes et de Recherches Sociologiques et Economiques)

Réflexions personnelles

Il est difficile de traiter du problème du nucléaire de manière objective. Automatiquement l’on prend parti pour ou contre l’utilisation de l’atome dans la production d’énergie. Il y a ceux qui prônent la prolifération à tout prix des centrales nucléaires pour la production d’électricité, et il y a ceux qui sont prêts à revenir aux anciennes centrales au charbon ou au gaz afin de sortir au plus tôt de la filière nucléaire. C’est cette option que le gouvernement allemand a choisi sous la pression de ses écologistes. Nos gouvernants se sont également laissé piéger par des pseudos écologistes qui lors de leur passage au pouvoir ont monnayé la sortie du nucléaire en exigeant le démantèlement de nos centrales à partir de 2015. Heureusement, à la suite d’un regain de bon sens, cette décision a été reportée. Je pense qu’il faut raison garder et ne pas adopter des positions aussi tranchées et viscérales. Il est évident que le nucléaire fait peur. L’opinion publique a toujours présent à l’esprit le spectre des armes nucléaires. L’industrie civile de l’atome est l’une des plus sures, mais pour y parvenir il est impératif de prendre toutes les précautions et tous moyens de sécurité afin de minimiser au maximum les incidents. L’industrie chimique est bien plus dangereuse. Il suffit de se rappeler les grandes catastrophes que sont Bopal, Toulouse, etc., et leur lot de morts.

Bien sûr, un accident nucléaire peut déboucher sur une catastrophe de grande ampleur comme cela s’est passé à Tchernobyl et à Fukushima. La contamination par des produits hautement radioactifs est sournoise ; on la détecte mais on ne la voit pas, ce n’est qu’à plus ou moins longue échéance que les effets se font sentir. Une pollution de produits chimiques est tout aussi sournoise et les conséquences sont tout aussi pernicieuses. Mais dans ce cas on oublie vite et on passe à autre chose. Dans l’industrie nucléaire, le moindre incident qui se passe, même dans le circuit non contaminé, est amplifié par les médias et les écologistes de tout poil pour leur permettre de crier au feu, et d’exiger l’arrêt immédiat des centrales !

Si nous voulons continuer à bénéficier du confort auquel nous nous sommes habitués et toujours consommer plus, on ne pourra pas se passer de l’énergie nucléaire, en attendant des solutions toujours plus performantes et peut-être moins dangereuses et moins polluantes. Par polluantes pour le nucléaire, j’entends le stockage des déchets radioactifs de longue durée. Quand à miser tout sur cette forme de production, je pense qu’il vaut mieux choisir une diversification des moyens de production adaptés à l’environnement et pouvant alimenter des zones bien spécifiques. Un champ d’éoliennes convient pour une zone rurale ou de petites agglomérations mais pas pour un réseau national ou international. Il en est de même pour des usines solaires qui non pas beaucoup de sens dans nos contrées mais qui conviennent parfaitement pour les pays méditerranéens et tropicaux.

L’énergie du futur, à savoir la fusion nucléaire, n’est pas encore prête d’être commercialisée. Les défis technologiques sont immenses et les ingénieurs se cassent les dents depuis plus de 75 ans à essayer de confiner le plasma dans lequel s’opèrent les réactions thermonucléaires. Je pense qu’il faudra encore une cinquantaine d’années avant d’y parvenir. Donc, en attendant, diversifions nos moyens de production en n’en rejetant aucun et tâchons de réduire ou du moins stabiliser notre consommation énergétique.

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